Le bateau qui s’en va vers le ciel
Une des plus saisissantes images de la mort m'a toujours semblé être celle-ci:
un bateau s'en va : il quitte notre rive.
Pour nous, qui sommes sur cette rive, nous voyons les passagers du bateau
qui nous quittent. Et cela nous rend tristes.
Mais pour ceux de l'autre rive, quelle joie! Car ils les voient arriver.
Et pour ceux qui sont partis, après la tristesse des adieux à ceux qu'ils aiment et
qui les aiment, quel bonheur de découvrir enfin ces horizons infinis....
horizons infiniment plus beaux que ceux qu'ils ont laissé ici, sur notre rive!
Et voilà qu'en pensant au bonheur qui les attend, nous oublions notre peine,
et nous nous réjouissons de les savoir bientôt plus heureux qu'ici.
Notre rive, à nous qui pleurons, c'est la terre. L'autre rive où ils parviennent, c'est le ciel.
C'est çà la mort. Il n'y a pas de morts, mais des vivants sur les deux rives.
Et c'est pourquoi j'aimerais que, sur ma tombe, on grave cette épitaphe,
qui n'est que la transposition d'une parole de l'Evangile :
« Le soir venu, Jésus dit : passons sur l’autre rive. »